Les mots pour annoncer le décès à l’enfant : se faire aider, sans déléguer pour autant

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Peut-on totalement déléguer l’annonce du décès ?

Si l’on perd totalement les pédales, si l’on se découvre dans la capacité quasi physique de formuler devant son enfant cette terrible nouvelle, mieux vaut en effet qu’une tierce personne sans charge.

Cependant ce n’est pas l’idéal. Il est ici question de responsabilité parentale, de la place du parent aux côtés de son enfant dans une épreuve très dure qui est celle de la mort. Personnes mieux qu’un père ou une mère ne peut soutenir son fils ou sa fille dans l’adversité : c’est son rôle, son devoir, il doit cet engagement à son enfant.

Sans déléguer une tâche qui est de leur ressort, les parents peuvent toutefois imaginer se faire accompagner au moment où il faudra parler. Ainsi, pourquoi ne pas conviés un adulte de la famille, un ami proche en présence duquel on annoncera à l’enfant la mort de son autre parent ?

Sa compagnie, même silencieuse, ces gestes de réconfort, ses regards encourageants seront des piliers d’un précieux secours. Il n’est pas certain qu’une telle aide se présentera d’emblée ni spontanément. Il faudra alors absolument la solliciter, avant tout autre démarche. Faire une priorité de cette quête est le meilleur gage d’amour et de soutien que l’on puisse offrir à son enfant.

Jusqu’où aller ?

Fuir les périphrases équivoques, sans pour autant aller droit au fait, voilà pour la forme. Venons-en maintenant au fond, au contenu de l’annonce. Jusqu’où peut-on aller dans les explications, dans les détails sur les circonstances et les causes du décès ? La mort se suffit-elle à elle-même ou bien est-il essentiel qu’un enfant sache de quoi exactement est mort son père, sa mère, son frère ou sa sœur ?

On s’en doute, il n’existe pas de réponse unique, elle varie en fonction du contexte.

En rapport au contexte

Dans une famille où la grand-mère est déjà décédée d’un cancer du sein

Il n’est certainement pas anodin- pour une petite fille notamment- de savoir que sa maman a été emportée par cette même maladie. Ce mal fait en sorte partie de la généalogie féminine de la famille : en faire un secret serait dérober à la fillette une partie de son histoire.

Dans le cas d’une crise cardiaque

On peut user de certaines « explications médicales» qui pourront, pourquoi pas, apporter quelques soulagements, dans la mesure où elles viennent combler des interrogations.
« Le cœur et une pompe qui s’use plus vite chez certaines personnes que d’autres ou qui fonctionne moins bien, c’est ainsi », peut-on avancer devant l’enfant. Il existera au moins une liaison mécanique à cette mort, que l’enfant pourra se représenter.

Face à un décès par accident de la route

La situation est plus compliquée. Pourquoi ce camion était-il sur la route en même temps que mon papa ? Pourquoi le chauffeur a-t-il perdu le contrôle de son poid lourd ? Pourquoi est-ce tombé sur lui ?

Pas évident de trouver des réponses appropriées à cette litanie de questions. Macabre hasard, rendez-vous avec le destin, volonté de dieu, ignoble justice… Un adulte a déjà bien du mal à se bricoler une réponse qui puisse satisfaire à de soulager : de là à la transmettre à son enfant, il y a encore tout un monde. A chacun d’estimer ce qu’il est en mesure de répondre, en veillant, s’il y parvient, à ne pas se cantonner à la révolte, la colère ou le désir de vengeance envers celui qui peut être responsable de la collision.

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