La toute première étape des obsèques est la mise en place d’un temps de recueillement et de partage autour du corps. Autrefois, la « veillée funèbre » était une étape incontournable du départ d’un être cher. Elle rassemblait les proches et les voisins dans un climat de prière et de souvenir.
La veillée funèbre : pour accompagner le défunt jusqu’au bout
La veillée funèbre : une étape normale dans certains pays
Dans beaucoup de pays de l'hémisphère sud, cette veillée est toujours d’une grande actualité et donne lieu à des rassemblements imposants et d'un naturel qui nous déconcerte. On y raconte volontiers et à haute voix les bêtises que le défunt a pu commettre ou les défauts qui étaient les siens.
On l'embrasse, on le caresse, on parle fort pour raconter des anecdotes, on fait mémoire de ses actes humbles ou courageux, on pleure, mais on rit également beaucoup. Et tout se déroule dans la maison, au milieu des allées et venues des enfants et du voisinage à qui l'on offre nourriture et boissons. Une prière est prononcée de temps en temps pour ponctuer ces heures singulières.
Cette notion de la veillée funéraire telle qu'elle est présentée ci-dessus est totalement inconcevable en France. Rien que le fait de garder le corps du défunt à domicile est pour beaucoup, une démarche trop lourde à assumer psychiquement - alors même qu'il s’agissait d'une pratique très courante dans les années 50'.
Le déroulement de la veillée mortuaire
En ce qui concerne son déroulement, cette « veillée » peut donc contenir :
- un ou plusieurs morceaux de musique que le défunt aimait entendre ;
- des textes qui l'avaient frappé ;
- des temps de silence ;
- ou encore des témoignages simples de moments forts partagés avec le disparu.
- Il est aussi possible d'entendre la lecture d'un texte biblique, coranique ou judaïque.
- On peut également proposer un geste commun : se tenir la main durant un instant, allumer une bougie ou apporter une fleur près du corps (cela permet aussi à ceux et celles qui sont trop émus pour dire quelque chose de participer).
Quels qu’en soient les contours, ce moment privilégié permet au cercle proche du défunt de se retrouver pour « faire face » à l'inéluctable départ et entamer ainsi une progressive prise de conscience de cette perte. Il peut être aussi une occasion de resserrer les liens familiaux, fraternels ou amicaux que la vie s'ingénie à distendre par le poids des jours et de l'habitude.
La veillée funèbre : prendre le temps... et entamer le deuil
Bien sûr, nous n'avons pas tous les mêmes dispositions et la même spontanéité devant la mort, mais il serait dommage de ne pas pouvoir vivre — autour du corps, dès que les circonstances le permettent — un temps de souvenir, d'échange ou de prière. Bref, un « temps à soi », plein d'humanité, d'émotion, d’intimité, de larmes.
Un « temps à soi » durant lequel on s’autorise à se poser pour réaliser ce qui se passe et commencer le processus de deuil. Un « temps à soi » pour dire au fond de son cœur à celui (celle) qui s'en va des paroles essentielles... Temps précieux pour demander pardon et dire merci, car la relation avec nos défunts n'est pas interrompue, elle se poursuit de façon différente, mais bien réelle. Et ce qui n'a pu être dit avant le décès peut être exprimé après.
Une dimension spirituelle et souvent religieuse
La dimension du pardon est précieuse à cette heure-là, car elle permet de plonger nos relations humaines dans un climat de vérité. Celui ou celle qui s’en va n'était pas parfait, et nous ne le sommes pas non plus. Cela a pu occasionner en de multiples circonstances des incompréhensions ou des heurts.
Le pardon que l'on se donne alors près du corps, à haute voix ou dans le secret du cœur, revêt nos vies d'une dignité et d'une beauté incalculable. La relation prenant des dimensions infinies, celles même de Dieu, ce pardon demandé ou accordé vis-à-vis du défunt est le gage que, dans l'ordre de l'amour, tout est toujours possible. Il devient tout à fait envisageable de demander pardon pour tout ce que l'on aurait voulu réaliser et qui ne l'a pas été ; de demander pardon pour tel acte, telle parole ou telle incompréhension passée ; de pardonner au défunt de nous avoir laissé ou encore le mal qu'il a pu commettre. Et si parfois la blessure est profonde et que le pardon paraît impossible dans l'instant, nous pouvons toujours exprimer le désir de pouvoir pardonner un jour...
Le « merci » est tout aussi important. Focalisés que nous sommes sur le départ d'un être cher, nous pouvons en arriver à oublier de le remercier pour ce qu'il nous a donné durant cette vie, longue ou brève. Ce merci est un vivant témoignage de notre capacité à nous émerveiller de l'autre, à nous réjouir qu'il soit venu au monde. Le bien qu'il a dispensé nous a sans doute enrichi et le mal qu'il a commis, peut-être, a mis à l'épreuve nos qualités de patience, de pardon, de douceur et notre capacité à élargir notre cœur par un amour sans cesse plus grand.