Dans ce témoignage, Emmanuelle, conseiller funéraire, partage son expérience et sa vision de ce métier souvent mal compris. Ayant un rôle créatif et d’accompagnement, elle se voit comme une sage-femme, aidant les familles à traverser des moments difficiles. Elle insiste sur l’importance de l’optimisme et de la capacité à « porter » les familles endeuillées. Son témoignage met en lumière les défis et les satisfactions de ce métier délicat, où chaque situation renvoie à notre propre mortalité et à celle de nos proches.
Conseiller funéraire : un métier au service de ceux qui souffrent
Témoignage...
Je me présente, je me prénomme Emmanuelle et je suis conseiller funéraire. Mon métier m’offre la responsabilité d’organiser les obsèques du défunt. Un métier souvent vu bizarrement par les autres personnes.
J’ai en fait plusieurs « casquettes » si je puis m’exprimer ainsi.
Bien sûr, en premier lieu j’ai la fonction de conseiller funéraire et maitre de cérémonie. C’est à dire que je suis dans l’organisationnel. À ce titre, mon but premier est d’ organiser des obsèques, mais ce qui ne m’empêche pas de m’occuper de la marbrerie, des monuments funéraires etc. Il y a donc une connotation très créative dans la manière que j’ai d’aborder ce métier.
Souvent, j’incite les gens à faire des choses qui sortent de l’ordinaire. Par exemple, des monuments avec beaucoup de végétation. Les tombes peuvent être très innovantes comme parfaitement « rétro », mais j’essaye dans tous les cas d’apporter beaucoup d’élégance à tout ce que je fais.
Un métier à double tranchant
Dans ce métier, nous sommes un peu comme des sages-femmes. En cela, que nous sommes perpétuellement aux côtés d’êtres humains à des moments extrêmement importants et difficiles de leur vie.
C’est aussi un moment de « passage » et de profonde transformation. Au même titre qu’une naissance finalement. Même si nous arrivons à un moment moins joyeux dirons-nous, j’aime à penser que mon métier est aussi important que celui d’une sage-femme. Nous sommes justes à l’autre bout de la chaine.
Pour faire ce métier je pense qu’il faut un tempérament très optimiste, c’est pourquoi je répète souvent que les personnes joyeuses sont les bienvenues dans notre corps de métier. Parce que oui, nous sommes parfois fasse à des gens qui sont totalement abattus voir en miette, et il faut que nous, conseillers, nous puissions tenir pour pouvoir « les porter ».
Si on s’effondre avec eux, inutile de vous dire que cela ne va pas les aider, vous vous en doutez. Au contraire il faut être là pour les conseiller et les aider ; c’est notre rôle le plus important.
Organiser des obsèques, ce n’est pas toujours facile
Forcément, nous sommes confrontés à des situations vraiment très difficiles. Lorsque le défunt est un enfant par exemple. Et oui, chaque famille que l’on reçoit nous renvoie à notre propre mort et même à la mort de nos proches. Non, nous ne sommes pas épargnés pour autant. Même si nous avons l’habitude, c’est toujours délicat de faire face à certaines situations, c’est évident.
Cela donne un relief particulier à notre travail. C’est à dire que dans le cas d’une mort violente ou d’une situation compliqué par exemple, alors notre rôle est encore plus important. Et nous sommes encore plus satisfaits lorsque l’on a réussi à bien faire les choses.
Ma plus grosse fierté est d’entendre à la fin de la cérémonie funéraire, un proche du défunt venir vers moi et me dire : » Il aurait adoré ça » ou « Ça lui aurait plu », ou encore « C’était tout à fait lui ». Là, à ce moment, on se dit que l’on a bien travaillé.