La nouvelle peut sembler anodine, mais elle fait grand bruit dans les milieux du funéraire de la région poitevine : jusqu’alors usités pour les inhumations, les cercueils en carton sont désormais tolérés dans le cadre des crémations.
Se faire incinérer dans un cercueil en carton : c’est désormais possible … et conseillé !
Les crématoriums de Poitiers et de Niort ont ainsi initié plusieurs cérémonies impliquant cet équipement spécifique, avec succès, ce qui ouvre la voie à une généralisation du processus. C’est que ce type de produit est validé par la norme AFNOR, une homologation qui met un terme définitif à de nombreuses polémiques.
8 ans de tests
La mode nous vient des pays anglo-saxons où il est devenu « banal » de se faire incinérer de cette façon. La France a cependant été très réticente face à ce nouveau procédé, imposant 8 années de tests multiples et complexes d’une grande sévérité avant d’autoriser son recours dans le cadre crématoire.
En question ; les risques présentés par ce matériau : on redoutait l’éventuelle perforation du coffre et la possible combustion des parois avant d’être placé dans le réceptacle d’incinération, par ailleurs les cendres produites excédaient de beaucoup la taille du cendrier initialement prévu pour récupérer les restes.
Directrice de ABC Création, qui propose toute une gamme de cercueils de ce genre, Brigitte Sabatier milite depuis des années pour démocratiser cet usage, dont elle défend les avantages avec énergie, allant jusqu’à faire breveter ses créations et fixer leurs prix pour éviter que les professionnels du secteur n’explosent les tarifs. Il faut croire que ses convictions et son implication ont porté leurs fruits.
Des perspectives d’avenir
Jusqu’à présent considérée avec méfiance par les entrepreneurs de pompes funèbres, l’entrée du cercueil en carton dans l’univers de la crémation ouvre bien des horizons qui séduisent progressivement le secteur.
Un article modulable et économique
Solide, adapté à des corpulences d’environ 90kg, ce coffrage peut supporter des charges de 250 kg sans faiblir. Son habillage se décline suivant différents motifs, notamment floraux, mais il est possible de l’adapter selon les directives des clients.
Son prix d’entrée est de 230 euros et n’excède pas 600 euros pour les modèles sur mesure ; c’est ici l’argument force, car les familles crématistes devaient jusqu’à présent débourser en moyenne 750 euros afin d’acheter un cercueil en bois, matériau onéreux par excellence.
Une démarche environnementale
Élaboré à partir d’une superposition de feuilles de papier recyclé, le cercueil en carton s’affirme comme écologique, apportant ainsi une solution à une problématique très tendance y compris dans la sphère du funéraire.
En effet la consommation de bois dans le cadre des obsèques participe pour une large part à la déforestation et au gaspillage des ressources naturelles, de plus la provenance des planches utilisées dans les menuiseries spécialisées n’est pas toujours traçable, loin de là. Par ailleurs l’usage du carton réduit le temps d’incinération, donc la consommation d’énergie nécessaire pour brûler les corps, et l’émission de pollution inhérente.
On comprend mieux l’intérêt des acteurs de la profession comme la satisfaction des adeptes de la crémation : les uns voient dans cette homologation l’ouverture de nouvelles opportunités commerciales (comme certains assureurs obsèques qui proposent déjà dans leurs contrats des garanties écologiques), tandis que les autres apprécient la baisse conséquente de budget qu’induit cette nouvelle pratique.
Si certains entrepreneurs restent sur la défensive, beaucoup d’autres s’avèrent très intéressés, et il y a fort à parier que les catalogues affichent rapidement des gammes inédites de ce genre.
Selon l’article 433-21-1 du code pénal :
« Toute personne qui donne aux funérailles un caractère contraire à la volonté du défunt ou à une décision judiciaire, volonté ou décision dont elle a connaissance, sera punie de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende ».