Professions du funéraire : la discrétion est une aptitude majeure

Elle est inscrite en toutes lettres à l’article 3 du code de déontologie professionnelle édicté par la Fédération Française des Pompes Funèbres.

L’entrepreneur funéraire « est soumis au secret professionnel et doit se garder soigneusement de toute ingérence dans les questions d’ordre familial dont il peut avoir à connaître dans l’exercice de sa profession, ainsi que de toute indiscrétion ».

L’obligation de discrétion transparaît du reste dans tous les autres points évoqués, apparaît par ailleurs dans la charte appliquée par l’autre grand syndicat du milieu, la Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie.

On la retrouve affichée dans les réglementations des entreprises, les plaquettes de présentation des pompes funèbre, les fiches de poste également : commune à tous les métiers du funéraire, la discrétion constitue un socle de probité, une valeur fondatrice, un principe incontournable.

Bref c’est une vertu cardinale qui engage la respectabilité des acteurs de ce secteur où la confiance est essentielle.  Pourquoi est-ce si important ? Quelles sont les implications de la discrétion ? Y a-t-il des situations où il faut transgresser cette règle absolue du silence ?

Des informations officielles ou intimes, mais toujours confidentielles

L’entrepreneur de pompes funèbres et ses employés, de par leur mission, sont amenés à prendre connaissance d’informations confidentielles, dont ils ont besoin pour orienter leur action. Ces dernières portent sur les circonstances de la mort (accident, suicide, meurtre, ...), l’état de santé du défunt (affection de longue durée, maladie sexuellement transmissible, pathologie mentale, …), l’existence d’une éventuelle garantie d'assurance obsèques ou décès, … Ces données sont généralement communiquées via les papiers officiels comme le certificat ou l’acte de décès, les contrats d’assurance, l’intervention d’un notaire.

Elles sont aussi transmises de manière plus intime par le biais de la famille proche, des personnes mandatées pour commanditer les obsèques. Ces dernières expriment leurs directives quant au cérémonial, formulent les dernières volontés du défunt mais elles vont aussi se confier, cela fait partie intégrante du deuil ; les conseillers, les professionnels amenés à les côtoyer doivent s’y préparer.

Ils se retrouvent en effet dans la position délicate de l’écoutant qui recueille des demandes à traiter au mieux, mais aussi des confidences qu’il doit savoir taire ensuite, car très souvent il s’agit de secrets de famille, de rumeurs, de décisions arbitraires avec lesquelles il faut composer sans jamais les critiquer ouvertement ni les remettre en cause.

Curiosité mal placée et rumeurs criminelles

Cela peut porter sur des conflits familiaux qui amènent à vouloir interdire l’accès des funérailles à certains personnes (ancienne épouse, enfants illégitimes, …), un engagement religieux spécifique qui induit un service funéraire ritualisé,  des décisions testamentaires contestables, des précisions sur les causes du trépas ou le mode de vie du disparu, des indications sur les objets à placer dans le cercueil … tout est possible, autant de détails qui peuvent vivement intéresser d’autres personnes.

Or il est fréquent que l’assistant funéraire ou le maître de cérémonie, à l’occasion d’un appel concernant des renseignements sur le lieu et la date des obsèques, soient finalement interrogés sur les circonstances exactes de la mort, le coût du cérémonial. En aucun cas ces données ne doivent être communiquées : il faut alors renvoyer poliment mais fermement l’interlocuteur vers la famille proche.

Curiosité mal placée de commères en puissance ? Certes. Mais il peut aussi s’agir d’un courtier d’assurance qui enquête pour savoir si la mort de son client est vraiment couverte par son contrat ou pas. Ce peut aussi être un journaliste de tabloïd qui cherche à en savoir plus sur une mort suspecte. Ou un héritier mal intentionné, un membre de la famille qui veut alimenter une vieille querelle, voire même l’informateur d’un pilleur de tombes qui s’enquiert des objets de valeur glissés dans les cercueils comme un dernier hommage (on notera la recrudescence de ce type de délit qui alimente régulièrement la rubrique des faits divers).

Du recul et de l’analyse

Vue sous cet angle, l’indiscrétion du professionnel funéraire dépasse de loin la déloyauté et le manque de respect du client pour empiéter sur le délit, la mise en péril des familles et la sécurisation du corps du défunt. Il y joue bien plus que sa réputation. Voilà pourquoi le simple fait d’imaginer une parade verbale pour éconduire les personnes trop pressantes n’est pas tout ; il faut bien avoir conscience des démarches entreprises, des volontés à l’œuvre et des risques encourus.

Il est aussi essentiel de prendre du recul et de peser toute action, toute éventuelle révélation. Deux questions aident à se repérer quand on communique une donnée : « Est-ce que je respecte la loi ? » , « Cela va-t-il entraver la bonne marche du cérémonial dont j’ai la charge ?» C’est qu’il y a des situations où l’on peut être amené à dépasser ce devoir de réserve, notamment quand il y a des requêtes officielles, émanant des tribunaux par exemple.

Dépasser le devoir de réserve

Il faut alors être extrêmement prudent et prendre les précautions qui s’imposent. Il est impératif d’exiger un ordre écrit et paraphé, de vérifier l’existence de l’institution demandeuse, avant de fournir quoi que ce soit. Autre situation délicate à gérer : on peut être amené à suspecter un délit dans le cadre d’une confidence un peu poussée de la part d’un proche par exemple (homicide, violences, vol …). On est alors tenu d’en informer la police et les autorités, sous peine d’être considéré comme complice ou de se voir accuser de non dénonciation de crime.

Reste le cas des articles de presse : en tant que professionnel, il arrive qu’on soit interviewé par des journalistes, qu’on doive rédiger sur un media, qu’on intervienne sur une radio ou à la télévision. La prudence est de mise : on ne citera ni nom, ni date, ni lieu, on préservera à tout prix l’anonymat des défunts, tout en adoptant un ton déférant en évitant les plaisanteries et les provocations inutiles et déplaisantes. Ainsi, on n’évoquera pas les méthodes de travail employées, autant de détails que d’aucuns jugeraient macabres et déplacés, on ne parlera pas directement des célébrités qu’on aurait eu à prendre en charge.

On le voit, la discrétion et la confidentialité excèdent de loin le respect et la loyauté dus aux familles et aux défunts. Le professionnel funéraire possède des informations qui peuvent avoir des retombées inattendues et graves. Il se doit de les protéger, d’agir avec raison et circonspection, dans l’usage qu’il en fait, la manière de les appréhender, les évaluer et les traiter. Sa réputation est certes en jeu mais également son évolution même.

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