Une bague de fiançailles sertie de diamants, un petit tableau de maître, un bibelot ancien, un vêtement vintage de prix, une montre signée, l’autographe d’une star : la liste est longue de ces objets précieux auxquels nous tenons comme à la prunelle de nos yeux. Parce qu’ils sont beaux, esthétiques, qu’ils cristallisent un souvenir, un sentiment, une passion, une période de l’existence … ou qu’ils représentent une valeur inestimable, symbole d’une réussite sociale.
Obsèques : Peut-on se faire inhumer avec des objets de valeur ?
Nous y sommes parfois tellement attachés que nous aimerions les emmener dans l’au-delà, nichés dans notre cercueil. Une manière de se rassurer, d’affirmer dans l’éternité ce qu’on a été de son vivant … Les anciens le faisaient automatiquement, alors pourquoi pas nous ? En théorie, c’est tout à fait envisageable et relativement simple à réaliser ; mais il y a des règles, des interdictions en la matière, dont il faut tenir compte.
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Objets de valeur et succession
Il faut avant toute chose bien avoir conscience que ces objets ont un prix parfois très élevé, une valeur validée pour certains par des certificats d’authenticité, des factures, des actes d’achat.
Rien à voir avec la petite peluche souvenir de l’enfance, la photo souvenir ou le journal intime. On parle ici de raretés ou d’investissements qui représentent un patrimoine, d’entrée placé dans la succession. Cette dernière implique qu’une partie des biens aille aux héritiers. Comme vous l'aurez comprit, difficile donc de se faire enterrer avec une gravure de Goya estimée à plusieurs centaines de milliers d’euros.
La complexité de l’exhumation
Une fois l’objet inhumé avec le défunt, il va être extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible d’aller le récupérer. Les procédures d’exhumation, très coûteuses (entre 250 et 600 euros pour l’opération en elle-même, auxquels s’ajoutent les taxes d’exhumation, les frais d’ouverture et de fermeture, de restauration du monument …) ne sont autorisées par les pouvoirs publics que dans le cas d’examens ou d’enquête, éventuellement de déplacement du corps, de réduction des restes en cas d’abandon de concession ou de fin de contrat.
Il est donc délicat de tenter l’opération sous le prétexte d’aller récupérer un objet de valeur, malencontreusement placé dans la bière. En conséquence, il faut que la personne concernée y réfléchisse avant de formuler ses dernières volontés ; quant aux proches, ils doivent intégrer cette donnée au moment que fournir les derniers effets du défunt à l’entreprise de pompes funèbres qui le prépare pour son ultime voyage.
Le risque du vol
Placer des valeurs dans un cercueil, c’est attirer la convoitise des pilleurs de tombe. Les média relaient régulièrement des faits divers de ce type, mettant en avant la récurrence d’un crime qui consiste à voler ce qui se trouve sur la pierre tombale… voire dans les caveaux. Certains profanateurs de sépulture interviennent sur les concessions abandonnées, d’autres s’attaquent à des monuments en état, subtilisant crucifix, ornements, fleurs, quand ce n’est pas la stèle même.
Leurs objectifs : la revente des accessoires, du marbre, les bijoux, les dents en or, le plomb et le métal des cercueils … Il est donc fortement recommandé de ne pas placer de souvenirs onéreux avec le corps.
Des objets interdits
Outre ces paramètres, il convient de savoir qu’on ne peut pas tout inhumer. Certains objets sont interdits car ils représentent un risque de pollution des sols et peuvent interférer dans le processus de décomposition du corps. On cite généralement les pacemakers et les prothèses qui sont retirés lors de la préparation du corps.
Les accessoires en plastique sont prohibés car ils ne sont pas biodégradables, tous les appareils électroniques, qui comportent des batteries au lithium, certains vêtements dont le textile ne s’altère pas, certaines chaussures. Il faut donc carrément oublier de se faire enterrer avec son mini-ordinateur personnalisé ou sa combinaison vintage 70’s Saint Laurent en synthétique.
- Ces mesures interviennent également en cas de crémation ; impossible d’incinérer des matériaux pouvant engendrer une explosion, le dégagement de gaz toxiques, ou une activation des flammes.
- Il est interdit d’être enterré avec le corps de son animal domestique ; par contre on peut placer l’urne cinéraire du petit compagnon au côté du défunt.
- Il y a quelques temps, un motard a fait la une en étant inhumé avec sa moto favorite ; après autorisation de la mairie, cette dernière avait été vidangée, la batterie et toutes les pièces à risques ôtées ; le véhicule a été placé au fond de la tombe sous une dalle qui a ensuite accueilli le cercueil avant fermeture.
Des solutions possibles
Si pour les raisons évoquées ci-dessus, le positionnement d’objets de valeur dans la tombe peut poser problème, il existe cependant des alternatives.
On peut procéder à la photocopie des documents importants pour placer le duplicata auprès du corps. Il faut préparer cette étape, ne pas laisser l’entourage confronté à ce choix délicat.
Cela suppose de lister les objets importants qu’on aimerait emporter avec soi en amont. Il faut ensuite consulter son notaire pour vérifier qu’ils ne sont pas soumis à héritage. Il convient alors de rencontrer un professionnel du funéraire pour vérifier si l’objet en question est viable en termes d’inhumation.
Enfin il importe de formuler précisément ce qu’on désire avoir dans sa bière, dans le cadre d’ultimes volontés rédigées clairement et authentifiées, par exemple dans le contrat obsèques.