Le bouddhisme prône la réincarnation, c’est à dire le passage de l’âme du défunt dans un nouveau corps. À ce titre, le moment de la mort et les cérémonies funèbres qui lui succèdent sont essentiels, pour favoriser ce processus qui repose sur trois stades : l’agonie, le positionnement du corps, l’enterrement. Il faut savoir que cette question concerne de nombreux adeptes dans l’Hexagone avec quelques 400 lieux de culte et environ 1 million de pratiquants, soit 400 000 français de souche et 600 000 originaire de la zone Vietnam – Laos – Cambodge ou de Chine. Comment s’organisent les obsèques selon les principes bouddhistes ? Comment s’adaptent-ils aux règles françaises ?
Bouddhisme et rituels funéraires
La mort : un moment essentiel dans la pensée bouddhiste
On distingue plusieurs tendances du bouddhisme liées aux différentes régions géographiques (Thevada pour le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, la Birmanie et le Sri Lanka, Mahayana pour le Japon, la Corée, la Chine et le Vietnam, Vayarayana pour le Tibet) ; s'il existe des variantes quant aux rituels, on retrouve cependant des principes communs incontournables, principalement dans le traitement de la mort.
Perçue à la fois comme un instant de libération mais également comme le point de départ d'une métamorphose, cette dernière ne se présente pas comme une fin, mais une mutation ; de fait elle constitue un passage fort dans le parcours des bouddhistes.
Tout repose sur le principe de réincarnation, qui va dépendre du karma du défunt, c'est à dire de ses actions à la fois physiques et spirituelles, selon la traduction du terme sanskrit. Si le karma est bon, la réincarnation sera positive, on reviendra en tant qu'humain ou que force divine ; si le karma est négatif, on prendra la forme d'un animal ou d'une puissance démoniaque.
Dans tous les cas, ce processus se déroule en trois étapes :
- Le « Chikhai bardo » survient après le dernier souffle, amenant le mort soit à embrasser la lumière de l'esprit, ce qui évitera le cycle de renaissance, soit à perdre conscience durant une semaine.
- Le « Chonyid bardo » intervient ensuite pour permettre à l'âme du défunt de choisir entre plusieurs déités pacifiques ou plus agitées. C'est un stade important où le disparu peut encore éviter d'être réincarné ou du moins améliorer ce processus.
- Le « Sidpa bardo » clôt le métamorphose ; l'esprit retrouve ses sensations, revoit ses proches, juge ses actions passées, avant d'être ingéré par l'entité de la Mort Yama, ce qui aboutit à sa résurrection dans un nouveau corps.
Durant toute cette période, le mort doit pouvoir s'appuyer sur la quiétude et les prières de sa famille et des moines. On utilise notamment le Bardo Thödol, livre sacré consacré aux défunts, dont les mantras facilitent la libération de l'âme.
La conservation et le traitement du corps
Si le bouddhisme ne préconise aucune directive en matière de toilette funèbre, s'il autorise les soins de conservation, il insiste cependant sur l'accompagnement de l'agonisant et le positionnement de la dépouille.
Il est essentiel que le mourant se sente en paix, qu'il soit dans un état de quiétude favorable à sa réincarnation. Pour ce faire, sa famille doit être calme, à l'écoute, ne pas montrer son chagrin, ne pas pleurer, et cela jusqu'à son dernier souffle. Toute expression de tristesse le retiendrait dans ce monde. Il faut au contraire l'épauler pour qu'il identifie les différentes étapes de métamorphoses, qu'il s'y prépare par la méditation, la répétition de mantras.
Une fois décédé, la personne est disposée comme le fut Bouddha à sa mort, selon la position dite du « lion couché » : on la tourne sur le côté droit, la main gauche s'appuie sur la jambe gauche, la main droite soutient la mâchoire, tout en obstruant la narine droite.
Par la suite, le déplacement de la dépouille devra être précédé d'un attouchement du haut de la tête, pour faciliter l’élévation de la conscience en dehors de l'enveloppe charnelle.
La famille organise une veillée durant laquelle les prières et la lecture des textes sacrées doivent aider le disparu dans son voyage.
Certaines occurrences du bouddhisme prônent la toilette du corps, l'onction de cire sur le visage, l'usage de pièces d'argent placées dans la bouche, l'enveloppement dans un drap blanc. En France, on aura recours à un traitement de thanatopraxie classique.
La mise en terre
Une fois le corps préparé, il peut être porté directement au caveau lors de funérailles. Mais dans la majorité des cas il est incinéré auparavant. Bouddha lui-même choisit la crémation, un mode de traitement du corps que favorisent ses adeptes.
La tradition veut que les familles soient présentes lors de l'embrasement du bûcher. Les conditions de sécurité des crématoriums l'interdisent. Cependant il est désormais possible d'assister à l'ensemble de l'opération via des caméras vidéo ou depuis une salle vitrée.
Des prières accompagnent l'ensemble de la cérémonie, prononcées par les membres de la famille et les bonzes qui y ont été conviés.
Des offrandes accompagnent l'inhumation du corps ou de l'urne, assorties de bouquets et de couronnes de fleurs éclatantes.
Les tombes sont traditionnellement imposantes, colorées.
Les obsèques terminées, tous se rassemblent au temple pour prier et se retrouver.