Les bijoux cinéraires font partie des accessoires ayant pour finalité de conserver sur soi une infime partie des cendres de la personne disparue. Ce type de produit constitue une offre très attractive, notamment sur les sites internet spécialisés. En effet, garder une partie des cendres de l’être aimé participe au processus de deuil, tout en constituant un souvenir, un hommage permanent, un acte d’affection très fort. Mais cette option est-elle envisageable en France ? Qu’en dit la loi ? Quelles sont les alternatives possibles ?
Bijoux cinéraires et lois françaises
Bijoux funéraires : Des offres multiples
Les bijoux cinéraires ne doivent pas être confondus avec les ornements funèbres, utilisés de tout temps et dans toutes les cultures afin d'habiller et préparer les corps pour le voyage dans l'au-delà (on pense notamment aux symboles, masques, joyaux portés par les momies égyptiennes et qui intervenaient dans le voyage de l'âme vers l'autre monde).
Ils n'ont rien à voir par ailleurs avec des objets qu'auraient donnés ou légués les disparus.
Ce type de produit relève en fait plus du reliquaire, qui servait jadis à conserver les restes des saints et des morts à des fins d'hommage et de protection.
Aujourd'hui les bijoux cinéraires se déclinent comme des breloques classiques, à ceci près qu'ils comportent un réceptacle hermétique doublé d'une fermeture sécurisée, destiné à accueillir la pincée de cendres conservée en souvenir.
On trouve des créations en or, en argent, en acier, en titane, en verre, en bois, … les matériaux sont multiples. Très souvent les formes sont symboliques : médaillons, cœur, croix, larme, …
La plupart se présentent comme des pendentifs ou des bracelets ; on trouve également broches, des bagues, des porte-clefs etc.
Les prix sont ceux de bijoux classiques, on en trouve à 30 euros ; le montant s'élève rapidement quand on personnalise l'objet ou qu'on fait fabriquer une pièce unique par un orfèvre : certains modèles dépassent les 3000 euros.
Ces dernières années, quelques entreprises se sont spécialisées dans la création de diamants fabriqués à partir du carbone contenu dans les cendres des morts.
Une pratique illégale en France
Il faut bien comprendre que ces options, admises pas certains pays comme le Canada, ne sont pas tolérées en France, et cela pour différentes raisons :
- En vertu de la loi n°2008-1350 du 19 décembre 2008, les cendres humaines ont le statut de corps ; on doit en respecter l'intégrité, les respecter et les honorer comme tel.
- Une fois la dépouille incinérée, les cendres sont obligatoirement rassemblées dans une urne qui seront à terme, soit placées dans une tombe cinéraire ou une case de columbarium, soit dispersées au jardin du souvenir ou en pleine nature, selon les directives en vigueur.Par contre il est formellement interdit de les conserver chez soi, ni de les séparer.
Il est donc tout à fait prohibé de prélever une partie des restes pour les collecter dans un réceptacle quelconque, ce qui mettrait en péril l'intégrité de la dépouille.
Des alternatives envisageables
Le bijou cinéraire demeure cependant tout à fait adapté pour conserver les cendres d'un animal familier.
S'il doit symboliser la mémoire d'un être humain, il est préférable d'y placer une mèche de cheveu, une photo, un morceau de textile, … autant de pratiques très en vogue au XIXème siècle.
Il est également possible de garder la trace des empreintes du défunt : certaines entreprises se sont lancées dans la fabrication de bijoux précieux, sertis à partir de la marque digitale des disparus ou de la trace des pattes de l'animal familier. Façonnées dans des matériaux précieux, ces créations sur mesure coûtent en moyenne 400 euros, et se déclinent sous différentes formes, boucles d'oreille, médaillons, anneaux etc …