Parmi les nouveaux modes de traitements du cadavre, l’aquamation propose un procédé reposant sur l’eau. Scientifiquement appelée « hydrolise alcaline », cette opération aboutit à un résultat similaire à celui de la crémation, à savoir la réduction de la dépouille en poussière. Émergente, elle séduit progressivement le public par son côté plus écologique. Comment fonctionne cette technique ? Quels sont ses points forts ? Est-elle appliquée en France ?
Qu’est-ce que l’aquamation ?
Principes et origines de l’aquamation
L'aquamation suppose la dissolution du corps par l'eau, puis la réduction du squelette en fines particules.
Elle s'apparente à la tradition ancestrale de l'inhumation aquatique pratiquée jadis aussi bien par les peuples issus de la culture scandinave ancestrale que par les tribus du Pacifique et d'Océanie. À cette époque, il était commun d'immerger les morts, dans un geste purificateur de retour aux éléments naturels.
Elle évoque par ailleurs les méthodes employées par les Croisés pour ramener chez eux la dépouille des chevaliers morts en Terre Sainte. Le voyage étant long de plusieurs mois, on ne véhiculait que les ossements, après les avoir débarrassés de la chair corruptible et cousus dans des sacs de cuir.
Depuis la fin du XXème siècle, cette méthode est principalement utilisée en abattoir pour faire disparaître les carcasses des animaux. On en use également dans le cas des épidémies, pour neutraliser les possibles infections via les restes des cadavres de bestiaux.
L'Australie a adoptée l'aquamation comme mode funéraire il y a plusieurs années. Plus récemment, certains états des USA l'ont homologuée, ainsi que le Canada où l'on trouve deux centres de traitement.
Déroulement de l’aquamation
L'objectif est de considérablement accélérer la décomposition des tissus, d'obtenir en quelques heures le même résultat que sur 25 ans.
Un cylindre dans lequel on propulse 300 litres d'eau à environ 100°. Cette eau est chargée en sodium et en potassium, dans des quantités évaluées en fonction du poids du cadavre.
Le processus d'aquamation dure entre 5 et 10h, selon la pression du liquide.
L'aquamation : des atouts écologiques non négligeables
Contrairement à l'incinération, l'énergie nécessaire à l'aquamation est faible (il en faut 10 fois moins), d'où une économie évidente et un geste écologique.
Exempte de combustion, cette méthode ne génère pas de CO2 ni de méthane ; elle n'infecte donc pas l'atmosphère. De même on ne contamine pas les sols avec les polluants issus des liquides de conservation.
Les résidus occupent beaucoup moins de place, ce qui constitue un véritable avantage dans des cimetières saturés.
Cette méthode permet de neutraliser bactéries, virus et maladies dont la dépouille pourrait être porteuse.
L'eau de distillation est fertilisante et peut être utilisée pour enrichir les cultures agricoles.
Cette approche par l'eau est perçue par le public comme étant plus douce que celle par les flammes.
L'aquamation est moins onéreuse que la crémation, 350 dollars environ au lieu des 550 que coûte une incinération classique.