Dead Meet : un site de rencontre pour les professionnels du funéraire

L’idée peut sembler saugrenue, pour ne pas dire cynique : elle répond pourtant à une véritable attente, tout en ouvrant des perspectives sur le secteur du funéraire. Fondé en 2014, Dead Meet affiche désormais quelques 5000 abonnés qui investissent quotidiennement la plate-forme pour échanger, se rencontrer … et qui sait… trouver l’âme sœur ? Retour sur un phénomène de société et une avancée dans la perception de la mort.

A l’origine du projet, on trouve la britannique Carla Valentine. Allure de pin-up, sourire engageant, Carla a débuté sa carrière comme « mortitian » c’est à dire agent de chambre funéraire. Son rôle était de préparer les corps avant les autopsies, d’assister le légiste pendant l’expertise, en pesant les organes, en les scellant et les étiquetant pour analyse, … On comprend aisément combien il est délicat, sinon difficile d’évoquer ce genre d’activité lors d’un premier rendez-vous amoureux. Le commun des mortels n’est pas forcément prêt à écouter d’une oreille sereine pareilles confidences … qui du reste sont encadrées par le secret professionnel.

Confrontée à l’incompréhension répétée de ses interlocuteurs affectifs et amicaux, Carla a commencé à imaginer un réseau qui mettrait en contact les individus impliqués dans ce domaine si particulier et stigmatisé, afin de leur permettre de vivre des dialogues plus harmonieux, moins censurés, sur des sujets qui relèvent pour certains d’une véritable passion, sans gêne ni retenue.

L’idée de Dead Meet était née, sur le principe des sites de rencontres spécialisés, comme il en existe pour les adeptes de la musique métal ou du tatouage.

Attention cependant il ne s’agit pas de tomber dans le graveleux, comme l’invitent à faire tant d’interfaces privilégiant les aventures sans lendemain, les adultères à répétition. Ici c’est le partage d’une implication professionnelle qui s’inscrit au cœur de la démarche. Si elle est spécialisée dans l’étude des liens entre Eros et Thanatos au XIXème siècle (elle rédige régulièrement à ce sujet sur le blog The Chick and the dead), Carla  Valentine n’en demeure pas moins sérieuse dans sa volonté de mettre en rapport les différents membres d’une communauté vaste et diversifiée.

Thanatopracteurs, légistes, conseillers funéraires, fossoyeurs, taxidermistes, … tous ont ainsi l’occasion de discuter en ligne, éventuellement de se rencontrer, afin de confronter leurs expériences, développer des amitiés, échanger des services, comparer les avis, … il y a tant à dire sur cet univers en pleine mutation.

Ainsi, doucement mais sûrement, Dead Meet construit sa réputation, s’appuyant sur la surprise et l’amusement des néophytes pour mieux les convaincre de la nécessité du projet.

Inscription gratuite, esthétique sobre, humour subtil, élégance vintage et facilité d’usage, tout est fait pour crédibiliser la démarche, la normaliser. Le risque de l’amalgame est constant certes, notamment avec les sites gothiques ou horrifiques, ce qui n’a pourtant rien à voir. Travaillant désormais au Barts Pathology Museum de Londres, où elle s’occupe de la restauration des spécimens anatomiques de l’ère victorienne, Carla n’oublie jamais qu’elle est une technicienne exigeante et une scientifique rigoureuse. Elle a très bien saisi la portée sociétale de son entreprise, et entend le faire savoir.

Il faut croire que son discours a été entendu puisqu’en 2016 elle obtient le prix de la meilleure contribution à la compréhension de la mort « Major Contribution to the Understanding of Death », durant la remise des Good Funeral Awards. A ce titre son action rejoint celle d’autres entrepreneurs  anglais comme Paul Sinclair et ses Motorcycle funerals ou Jason Leach avec And Vinyly. Preuve que le secteur, notamment en Grande Bretagne où il est particulièrement actif et innovant, entend s’ouvrir de toutes les manières, y compris numériques, au grand public, afin de mieux faire comprendre ses enjeux au quotidien et de travailler à modifier la perception de la mort et des funérailles.

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