Actuellement, il faut compter 5 500 euros en moyenne pour organiser une inhumation décente, ce qui représente une somme conséquente à débourser, surtout en ces temps de restrictions budgétaires. L’option de la crémation permet de baisser ce chiffre, puisqu’une crémation lambda et le cérémonial qui l’accompagne sont chiffrés environ 4300 euros avec une sépulture en cavurne ce qui constitue une économie non négligeable. Mais cette somme peut être encore réduite.
Il est en effet tout à fait possible de restreindre certains postes de dépenses, sans pour autant brader la qualité des obsèques et leur dignité. Pour ce faire il faut visualiser les différentes étapes effectuées depuis le décès jusqu’au cimetière, et différencier l’indispensable du superflu, tout en s’appuyant sur une perception précise des textes de lois, de ce qui est autorisé ou non, de ce qui est imposé ou toléré, afin d’orienter ses choix et d’équilibrer au mieux son budget.
Cela passe par certains réflexes, certaines exigences, la prise de conscience que plusieurs gestes sont foncièrement inutiles et relativement onéreux.
Réduire le délai entre l’arrivée en funérarium et la date de la crémation
Chaque funérarium possède une chambre mortuaire où sont entreposés les corps dans l’attente de leur crémation. La conservation peut durer plusieurs jours sur les six légalement impartis pour l'organiser et l'effectuer, notamment pour des raisons de calendrier de travail, de rotation de personnel … ou d’afflux important, par exemple en cas d’épidémie.
Or, il importe de savoir que chaque jour d’attente est facturé environ 120 euros (la somme varie selon les établissements) ; la personne en charge du cérémonial doit donc négocier avec les pompes funèbres pour réduire ce délai au maximum et obtenir une crémation la plus rapide possible.
Éviter les soins de préparation
Le corps étant destiné à être brûlé, nul besoin de soins de conservation effectués par un thanatopracteur, surtout si l’on arrive à réduire le temps d’attente au crématorium. Une toilette mortuaire suffira. Précisons que la prestation se chiffre entre 300 et 400 euros, ce qui alourdit considérablement la dépense.
Se passer de publication nécrologique
S’ils sont traditionnellement inscrits dans le cérémonial funèbre, la publication d’un avis funéraire dans la presse locale, le tirage et l’envoi de faire-part ne sont aujourd’hui plus des nécessités. On peut tout simplement ouvrir le carnet d’adresses du disparu et informer ses connaissances par téléphone, exploiter les contacts internet et leur adresser un mailing, ou les interpeller via les réseaux sociaux. Ces derniers, tout comme les sites commémoratifs, se substituent gratuitement à une prestation relativement onéreuse et désuète.
Annuler l’exposition du corps
Les traitements de préservation sont d’autant moins nécessaires que la présentation du défunt en salon de réception n’est absolument pas une obligation. Cette étape mobilise généralement un espace qu’il faut agencer, décorer, fleurir, et animer, un cercueil d’apparat, et un maître de cérémonie ainsi qu’un aide qui accueillera la famille et les invités le temps de l’hommage.
Précisons que les proches ont pu déjà dire adieu au défunt en chambre mortuaire en établissement de santé, où ils sont appelés dès le décès, quand ils n’y ont pas assisté. Il est également envisageable de saluer la dépouille dans la chambre mortuaire de l’athanée où le corps sera présenté sur un simple brancard, couvert d’un drap. Attention cependant, il faut prendre conscience que cette méthode n’épargnera pas aux visiteurs les stigmates de la mort, un spectacle parfois choquant ; il faut donc y réfléchir sérieusement en amont.
Quant à la crémation elle-même, il s’agit d’une opération technique longue, qui peut s’avérer pénible pour les intimes, il suffit donc que deux personnes viennent récupérer les cendres une fois le processus terminé. Les proches auront alors l’option d’organiser ultérieurement une bénédiction à l’église ou une cérémonie laïque en salle communale ou au cimetière, ce qui est beaucoup moins onéreux qu’au crématorium, entre 100 et 150 euros. Il est aussi envisageable de proposer un cocktail d’adieu, qui rassemblera les invités après la cérémonie ; comptez 200 euros à peu près.
Sélectionner cercueil et urne
La crémation autorise l’usage d’un cercueil en carton, désormais homologué pour la crémation. Si les modèles décorés coûtent environ 600 euros, les modèles de base se chiffrent aux alentours de 200 euros. L’ajout d’une garniture en coton est accessoire et peut donc être économisée. A partir du moment où le cercueil répond aux normes NFD80-001-1 et NFD80-001-3, aucun crématorium ne peut les refuser.
Idem pour l’urne qu’on peut choisir très simple, évaluée à environ 130 euros (il existe des modèles biodégradables beaucoup moins chers à 40 euros mais on ne pourra les récupérer, ils se désagrégeront une fois en terre et il ne sera plus possible de transporter les cendres dans une autre sépulture). On peut aussi privilégier une « urne tombe » avec plaque intégrée à faire graver ultérieurement, pour une somme de 150 à 250 euros.
Précisons que ces produits sont accessibles chez les fabricants même, via leurs sites internet ; si les pompes funèbres impliquées dans les obsèques n’en proposent pas en catalogue, il est envisageable de passer commande à la source, en n’oubliant pas que le délai de livraison peur excéder celui des funérailles, mais une fois la crémation effectuée on a tout le temps pour ces dernières.
Choisir une concession adaptée
Si l’on ne veut pas être répandu dans le jardin du souvenir ou en pleine nature, il est possible de demander au maire un espace non concédé pour établir une sépulture ; contrairement à ce que l’on croit, les emplacements ne sont pas destinés uniquement aux indigents dans l’incapacité de payer des obsèques : toute personne appartenant à la commune d’inhumation peut y avoir droit. Cet espace est par essence gratuit pour une durée de 5 ans ainsi que le détermine l’article R 2223-3 du CGCT.
Si l’on choisit une concession, un emplacement concédé à durée déterminée contrairement à l’emplacement non concédé, il faut savoir que le maire met à disposition des places prévues pour accueillir un cercueil, ce qui est bien trop grand pour une seule urne. Uniquement 1/8eme de la surface initiale est nécessaire.
En conséquence on peut prendre la place entière et prévoir d’y placer plusieurs urnes. On peut aussi éventuellement discuter avec le service funéraire de la municipalité pour obtenir un site adapté, de 50 centimètres de côté, à moins que le cimetière ne prévoie un jardin d’urnes dédié. Cette diminution permettrait de diviser le prix de la concession qui revient alors à environ 60 euros pour 30 ans.
N’oublions pas que le coût des concessions varie d’une ville à l’autre, de même les taxes d’inhumation. Il faut aussi souligner qu’une fois les cendres récupérées au crématorium, il n’y a plus d’urgence à procéder à une inhumation de l’urne. Le temps de trouver la solution adéquate, les restes peuvent être placés dans un lieu de culte (en contrepartie d’un don effectué à la communauté). Rappelons aussi qu’il n’est plus possible de conserver les cendres chez soi.
Résumé des économies réalisables
Prix moyen actuel « élevé » | Prix « diminué » | Économies en € | Économies en % sur 4300 € de coût moyen actuel | |
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Chambre funéraire | 380 € | - | 380 € | |
Soins de préparation | 300 € | - | 300 € | |
Avis nécrologique | 350 € | - | 350 € | |
Cérémonie | 500 € | 200 € | 300 € | |
Cercueil en cellulose | 740 € | 300 € | 440 € | |
Concession de taille adaptée | 460 € | 60 € | 400 € | |
Cavurne/Urne en pleine terre + plaque | 340 €+95 €* (cavurne) | 0**+95 € (urne en pleine terre) | 340 € | |
Total des économies | 2510 € | 58% |
* Ajouter dans les deux cas une plaque d’identification 95 € en moyenne.
** Urne déjà acquise pour la crémation
On le constate, il est possible d’effectuer des économies substantielles sur la facture globale d’une crémation. Cette démarche suppose cependant une réflexion préalable et tout un travail de recherche de la part de chaque individu comme de son entourage. Ainsi, une personne désireuse de conclure une assurance obsèques adaptée doit tenir compte de ces informations pour calculer son budget et paramétrer son contrat en conséquence. De même, les proches doivent connaître toutes ces options pour les actionner le moment venu, s'ils le désirent ou s'ils sont tenus par un budget restreint, crise économique oblige, dans des circonstances tragiques qui ne favorisent guère la concentration et l’esprit rationnel.
Dans le temps très court de six journées, il va falloir agir vite, et identifier les dépenses inutiles, tout en faisant fi de la pression sociale, des coutumes. Il importe alors de se montrer exigeant, ne pas hésiter à demander des devis, les comparer, négocier afin de réduire un coût souvent exagéré. L’exercice semble inapproprié en période de deuil ; il s’avère pourtant qu’en impliquant les proches, pareille démarche facilite la gestion du chagrin et la résilience.
Étude réalisée par : Manuel Turillot, Delphine Neimon & Pierre Catherinet.
Sources chiffrées : Lassurance-obseques.fr, UFC-Que Choisir, Mutac.