Anticiper la construction de sa tombe : une tendance émergente ?

Si la mort demeure chez beaucoup un tabou doublé d’une peur superstitieuse, les professionnels du secteur voient apparaître chez certains clients le désir de choisir leur monument funéraire … et de le faire construire de leur vivant. Pourquoi cette volonté ? Comment s’applique-t-elle ?

Le choix de sa dernière demeure

Le besoin de sélectionner sa « dernière demeure » et d'en superviser la fabrication s'affirme en parallèle de l'augmentation des assurances obsèques.

Il s'agit ni plus ni moins de définir ses funérailles à sa convenance, d'en régler les détails et les frais, afin de soulager sa famille quand se présentera cette épreuve. Déterminer le mausolée adéquat constitue l'un des temps forts de cette préparation, mais certains vont plus loin encore en passant à l'action, orchestrant l'élévation de leur tombeau.

Prévoir pour être apaisé

A la source de cette décision que d'aucun considérerait comme macabre, se situe la prise de conscience de la précarité de la vie : l'exemple de connaissances disparues soudainement, la peur des ravages de l'âge et de la maladie, le désir surtout d'éviter cette charge à ceux qu'on aime, conjoint, enfants ou amis proches…

Autre problème, le temps que prennent les travaux. Un délai parfois long, qu'on peut neutraliser … en négociant une concession en amont de son décès. Une dépense inutile pense-t-on de prime abord, mais qui fait sens : l'emplacement une fois loué, l'édification peut avoir lieu en toute quiétude, selon les désirs émis par le client.

Une manière d'autant plus pertinente de prévenir la mort que celle-ci frappe aveuglément et sans avertissement.

C'est à ce propos qu'apparait une autre raison, elle aussi tout autant louable et compréhensible : certaines personnes prévoient large, commandant des  tombes pour accueillir plusieurs proches, qu'ils soient en cercueil ou en urne cinéraire.

Le but est de pouvoir ensevelir directement les disparus sans avoir à s'infliger la douleur supplémentaire du transfert de leurs restes depuis un dépositoire, si jamais la tombe n'était pas achevée.

On constate ainsi que l'envie d'ériger le modèle de caveau qu'on a choisi, dans le matériau idoine avec les inscriptions et ornements qui conviennent n'est pas le seul motif de cette démarche. Les clients qui optent pour ce choix veulent sincèrement protéger leurs proches, émotionnellement et financièrement, tout en devançant les possibles tragédies de la vie.

De fait, certaines familles n'hésitent plus à effectuer ce choix ensemble, d'un commun accord et avec une grande confiance.

Un soulagement financier

Oui, malheureusement, lorsque l’on évoque la mort, vient systématiquement se poser un moment ou un autre la question financière.

C'est qu'un caveau coûte cher, comptez 5000 euros en moyenne. Qu’on penche pour la sobriété ou que l’on préfère une stèle d'un goût plus fantaisiste, il convient d’anticiper ce financement.

Les personnes qui pensent à cela sont souvent déjà passées par la case « deuil » et connaissent les soucis d’ordre organisationnels et financiers que peut représenter un décès. C’est donc pour eux une manière de dire « Je ne ferais pas subir à mes proches ce que j’ai eu à subir ».

De la même façon qu’une grande partie des Français choisissent par avance et communiquent leur mode de sépulture préférentiel (inhumation ou crémation), ou encore opte pour un contrat obsèques pour épargner certains choix difficiles pour l’entourage, il semble logique de penser aussi au monument funéraire.

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