Un café bar dans un funérarium : tendance révélatrice et service d’avenir

Début avril 2017, le monde du funéraire a retenti d’une nouvelle bien surprenante en provenance  du Québec. Suite à l’inauguration de ses nouveaux locaux, le funérarium Saint Charles a communiqué sur l’ouverture au sein même de la structure d’un bar d’une capacité de quinze places environ servant cafés, sodas et boissons alcoolisées type vins et bières. 

L’information a suscité polémique … et enthousiasme. Si certains trouvent la mesure inappropriée dans le cadre d’un lieu de recueillement, d’autres la considèrent comme une évolution intéressante.

Quelques explications s’imposent : de quoi s’agit-il ? Dans quel contexte intervient cette innovation ? Avec quelles perspectives ?

Une véritable tendance

Le choix opéré par le centre Saint Charles n’est pas isolé. Déjà en 2015, l’agence funéraire Atlantic située à Dartmouth au Canada avait implanté un espace de ce type dans ses installations, obtenant du reste une licence autorisant la vente d’alcools.

Deux ans plus tard, les salons funéraires du pays ont assimilé cette option comme une réelle valeur ajoutée. Ainsi le funérarium de Saguenay Lac Saint Jean compte aménager ce type de lieu, comme bien d’autres du reste, quitte à s’attacher les services d’avocats spécialisés pour obtenir l’accréditation des institutions. Le cas n’est donc pas isolé, loin s’en faut, mais découle d’une véritable tendance.

Un besoin pour les familles

Cette mouvance s’appuie sur deux constats : après la cérémonie, les proches venues assister à l’exposition du corps restent dans l’enceinte du bâtiment ou devant l’entrée afin de discuter, parfois longuement.

On pourrait s’attendre à ce qu’ils regagnent leurs domiciles pour une veillée, un repas. Le problème est que les petits funérariums de proximité tendent à disparaître au profit de complexes plus importants, mais plus éloignés ; en conséquence, ils doivent parfois accomplir de longs trajets pour venir rendre hommage à leurs morts, sans avoir l’opportunité de se retrouver ensuite dans un espace intime.

La centralisation des services

Du coup ce sont les usagers eux-mêmes qui réclament l’installation de bars afin de pouvoir y discuter autour d’un verre, quitte à ce que ce type de prestation soit inscrit et financé via les différentes formules proposées. Les horaires du bar s’adapteraient en fonction de l’heure des cérémonies, dont certaines sont planifiées tard dans la journée.

Conscients que ce genre de prestations va dans le sens d’une centralisation des services, les directeurs des structures funéraires sont prêts à autoriser l’absorption d’alcools doux jusque dans les salons mêmes, afin de porter un dernier toast au défunt en sa présence.

Faciliter le deuil

Le risque d’ivresse et de débordements ? Les professionnels le perçoivent. Si certains le redoutent et s’en montrent critiques, d’autres l’envisagent posément, tout à fait prêts, disent-ils, à gérer les éventuels dérapages occasionnés par l’ivresse, le manque de sommeil, le stress.

Néanmoins ils considèrent qu’un hommage de ce genre peut participer du processus de deuil et comptent sur la cohésion de l’entourage pour canaliser les hypothétiques dérives. La demande tend à se généraliser, aussi bien de la part des clients que des opérateurs.

Elle serait source d’emplois bien sûr, puisqu’il faut du personnel spécialisé pour assurer les stocks et la réception des personnes. Voici qui devrait très vite inspirer les européens, confrontés aux mêmes problématiques et qui sait, bientôt faire souche en France ?

Crédit photo : Pascal Huot | Journaldequebec.com

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